La langue des jeunes à Ivry et Vitry-sur-Seine

Dernière mise à jour le 17/01/2014

L’action éducative a donc démarré au cours de l’année scolaire 2002-2003 dans le cadre d’un Projet d’Action Culturelle (PAC) menée avec plusieurs classes de seconde, auxquelles se sont vite jointes d’autres classes de l’établissement et s’est poursuivie au cours de l’exercice 2003-2004. Comme l’exige ce type précis d’activité dans le cadre de l’Éducation nationale, « La langage des jeunes » a été menée avec un partenaire extérieur, en l’occurrence la SELEFA (Société d’Études Lexicographiques et Étymologiques Françaises et Arabes). Il s’agit d’une association groupant d’un côté des linguistes qui mènent, dans le domaine qui nous intéresse, une enquête sur les emprunts récents à la langue arabe et, de l’autre côté, des pédagogues qui conçoivent et mènent des actions éducatives dont celle dont nous sommes en train de présenter3.

Dans le cadre de cette action, a pu être présentée dans l’établissement la pièce de théâtre Samir et l’ethnographe, écrite et mise en scène par Laurent Boulassier4, et ont eu l’occasion d’épauler l’équipe pédagogique plusieurs intervenants : tout d’abord Jean-Pierre Goudailler, professeur de linguistique à Paris I-Sorbonne, qui a présenté l’argot, les jargons et les différents parlers populaires et mis en évidence leur rôle dans la langue française5 ; ensuite Karima Younsi, ethnographe, qui a montré le rôle des vannes et des insultes dans le jeu des groupes de jeunes dans les quartiers et les cités6. Ces mêmes personnes sont venues dans les classes où elles ont animé des ateliers d’écriture ; enfin Larbi Mechkour, graphiste et illustrateur, a aidé des jeunes volontaires à illustrer le présent recueil7.

Diverses classes ont participé au projet, produisant des textes dont le thème s’est élaboré avec les professeurs : écriture d’un sujet libre en langue des jeunes, un exercice plus difficile qu’il n’y paraît, étant donné que nous sommes là devant des registres de la parole dont les codes d’écriture sont très éloignés ; traduction d’un texte littéraire en langue populaire ; et, réciproquement, d’un texte écrit dans la langue des jeunes en langue courante ; enquête sur la manière de se nommer ou de nommer l’autre d’où a été tiré l’exercice des cadavres exquis, etc. Se sont associés à cette activité, dans le cadre d’ateliers d’écritures, un groupe de jeunes lycéens volontaires de la ville d’Ivry, des jeunes du centre de colonies de vacances des Mathes de la ville d’Ivry, ainsi qu’un groupe du centre social Germain Defresne de Vitry.

L’ouvrage Bien ou quoi? La langue des jeunes à Ivry et Vitry-sur-Seine, présenté avec Karima Younsi, devrait servir d’instrument éducatif pour les enseignants du lycée Jean-Macé : il peut être utilisé comme support de l’étude du langage et de la discussion sur les thèmes et les préoccupations exprimées.

 NOTES

 Une expérience fut conduite en 1990-1991 dans la cité des Quatre-Mille à La Courneuve par David Lepoutre, alors enseignant d’histoire-géographie dans un collège de cette même ville. Il présenta ses résultats dans une thèse d’ethnologie d’où fut tiré le livre intitulé Cœur de banlieue : Codes, rites et langages, Paris : Odile Jacob, 1997. Une autre expérience à signaler fut menée en 1994-1995 au collège Jean-Jaurès de Pantin en Seine-Saint-Denis, par deux professeurs de français, Boris Seguin et Frédéric Teillard, qui la consignèrent dans Les Céfrancs parlent aux Français. Chronique de la langue des cités, Paris : Calmann-Lévy, 1996.

Laurent Boulassier a écrit, à partir de l’expérience de David Lepoutre à La Courneuve (voir ci-dessus, note 1), une pièce de théâtre, coproduite par le Théâtre du Campagnol avec le Centre Dramatique National & Théâtre Quantique, créée en 1998 et intitulée Samir et l’ethnographe. De son côté, Abdelattif Kechiche vient de consacrer à ce thème un film intitulé L’Esquive, sorti en 2004.

3 Une autre action intitulée « Nos Prénoms en partage » a été menée au cours de l’année 2003-2004 au lycée Jean-Macé en association avec la SELEFA. On peut trouver les informations sur l’activité de la SELEFA sur son site dont voici l’adresse électronique : www.selefa.asso.fr.

4 Voir plus haut, note 2.

Jean-Pierre Goudailler est Directeur du laboratoire de linguistique Dynalang, et Doyen de la Faculté des sciences humaines et sociales de l’Université René-Descartes, Paris V-Sorbonne. Il a notamment écrit sur ce sujet Comment tu tchatches ?, préfacé par Claude Hagège, Paris : Maisonneuve et Larose, dernière édition : 2001.

6 Karima Younsi est doctorante à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) en anthropologie sociale, sur le thème « les arts de la rue », et sociétaire de la SELEFA.

Larbi Mechkour est graphiste et illustrateur, et sociétaire de la SELEFA. Il est l’auteur de nombreuses bandes dessinées dont Aziz Bricolo, éd. Vaillant ; Les Beurs, Paris : éd. Albin Michel, prix du meilleur album antiraciste ; Sa Majesté Ramadan, éd. Shift, Saïda, éd. Glénat.

On peut se procurer l'ouvrage

Bien ou quoi ?

La langue des jeunes à Ivry et Vitry–sur Seine

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